Résumé du projet
Les données administratives de la province démontrent que les réadmissions aux soins d’urgence se produisent fréquemment chez les personnes aînées souffrant de problèmes complexes. Celles vivant avec certaines conditions ou des diagnostics précis, comme la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et l’insuffisance cardiaque, sont particulièrement à risque de réadmission à l’urgence.
Ces usager·ères sont affecté·es par les difficultés de transition entre les soins d’urgence et les soins primaires dans la communauté ou à domicile. Ces enjeux de transition constituent des causes de réadmissions fréquentes et contribuent au déclin fonctionnel accéléré de ces personnes tout en augmentant le risque de mortalité. Cela augmente également les dépenses du système de santé en raison d’une surconsommation et d’une utilisation sous-optimale des services.
Le projet de paramédecine communautaire consiste à la mise en place d’une collaboration étroite entre les services de soutien à domicile du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent (CISSS du BSL) et l’entreprise ambulancière CAMBI. Cette approche optimise le temps des équipes de technicien·ne ambulancier·ère paramédical·e (TAP) qui sont disponibles et rémunéré·es en mode « attente » lorsqu’il n’y a pas d’appel d’urgence.
Cette collaboration novatrice sur le plan de la transition de soins favorise un retour à domicile sécuritaire après une hospitalisation par un renforcement des services de première ligne au bénéfice des personnes atteintes d’une MPOC ou d’une insuffisance cardiaque. La personne est ainsi soutenue dans sa communauté par la mise en place de visites structurées à domicile réalisées par une équipe de TAP à la suite d’une référence du CISSS du BSL. Le projet sera déployé dans les MRC de Rimouski-Neigette, Témiscouata, Kamouraska et Les Basques.
Le projet vise à améliorer l’efficience de la prise en charge des usager·ères atteint·es d’une MPOC ou d’insuffisance cardiaque en communauté et à augmenter l’efficacité des services. Il vise également à améliorer la satisfaction de la clientèle à l’égard des services reçus et à permettre aux personnes aînées de vivre de façon autonome chez elles, avec un soutien adapté à leur condition de santé, favorisant ainsi une meilleure qualité de vie.
Résultats visés
- Diminution des visites à l’urgence dont la priorité est évaluée à P4 (moins urgent) et P5 (non urgent) pour les clientèles ciblées;
- Diminution du nombre de visites à l’urgence pour les clientèles ciblées dans un délai de 7 jours et du nombre de réadmissions dans un délai de 30 jours;
- Délai de réponse de moins de 24 heures à la suite d’une référence;
- Progression du nombre de visites à domicile et du nombre de références;
- Diminution du nombre de transports ambulanciers en général et à la suite d’une visite à domicile;
- Satisfaction pour 90 % des usager·ères.
Comprendre la démarche : entrevue avec le comité de pilotage
Dans le cadre de la réalisation des huit projets de la démarche de recherche-action Bien vieillir chez soi, chaque comité de pilotage joue un rôle clé dans l’orientation et la mise en œuvre des actions.
Afin de mieux comprendre la vision, les motivations et les principes qui guident le travail des membres de chacun des comités, nous leur avons posé quelques questions. Découvrez leurs réponses ici-bas pour en apprendre davantage sur l’approche adoptée, les enjeux identifiés et les pistes d’action envisagées.
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Qu’est-ce qui a fait naître ce projet? Quel a été l’élément fondateur de la création de votre projet dans le cadre de la démarche?
Réponse du comité : Le projet de paramédecine communautaire au Bas-Saint-Laurent est né d’un constat partagé par les services ambulanciers du Groupe Cambi et le Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent. Trop souvent, des aînés vulnérables — en perte d’autonomie ou vivant avec des maladies chroniques — se retrouvaient en situation de détresse à domicile. Ces épisodes entraînent des appels au 911, des transports en ambulance et des visites à l’urgence qui, parfois, auraient pu être évités avec un suivi préventif mieux adapté.L’idée fondatrice a donc été de créer une approche qui soutient les personnes âgées directement dans leur milieu de vie. Concrètement, des paramédics spécialement formé·es travaillent en collaboration avec des infirmières et infirmiers pour offrir des interventions cliniques ciblées, sécuritaires et préventives. Ce modèle mise sur le maintien à domicile, la prévention des hospitalisations et une meilleure intégration des soins communautaires et préhospitaliers, en travaillant de près avec les usagères et usagers, les équipes locales de soins, les médecins et les autres intervenants du territoire.
- 2
Y a-t-il une réalisation ou un moment marquant de votre implication collective dans le projet que vous aimeriez partager?
Réponse du comité : Un moment fort a été la toute première intervention conjointe entre un·e paramédic communautaire et une infirmière du soutien à domicile. Ensemble, ils ont pu évaluer la situation d’un usager vivant avec une maladie chronique, tout juste après son retour de l’hôpital. Ce geste concret a immédiatement démontré la valeur clinique et humaine du modèle : une prise en charge plus complète, rapide et rassurante.Cette expérience a non seulement convaincu les équipes locales de la pertinence du projet, mais elle a aussi confirmé que les paramédics ont toute leur place comme partenaires actifs des soins à domicile. De plus, l’implication des personnes expertes de vécu tout au long du développement du projet a renforcé son ancrage humain. Leurs témoignages et leurs conseils ont permis d’ajuster les pratiques pour qu’elles collent davantage à la réalité des personnes âgées.
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Quel message aimeriez-vous transmettre à la communauté à propos du vieillissement à domicile?
Réponse du comité : Vieillir à domicile, c’est possible et c’est souhaitable. Mais pour y arriver, il faut pouvoir compter sur un réseau de soins accessible, humain et bien coordonné. Vieillir chez soi ne devrait jamais signifier vivre dans l’isolement ou l’insécurité.
Grâce à la paramédecine communautaire, il devient possible d’offrir des soins de proximité, personnalisés, qui permettent aux aîné·es de rester dans leur milieu de vie en toute dignité et en toute sécurité, même après des épisodes de santé plus difficiles.
Membres du comité de pilotage
Steeve Bélanger
Eric Bouchard
Sandra Boulet
Cédric Chouinard
Simon Delisle
Directeur médical des services préhospitaliers d’urgence du Bas-Saint-Laurent et directeur médical du CAUREQ
Direction des services professionnels, CISSS du BSL
Centre de communication santé, Centre d’appel d’urgence des régions de l’Est du Québec (CAUREQ)
Ann-Pier Gagnon
Pierre-Rodrigue Lanteigne
Carl Larochelle
Nicolas Leblanc
Responsable de la formation continue des services préhospitaliers d’urgence
Nathalie Leclerc
Infirmière clinicienne responsable des Continuums cliniques SAD-RI-RPA
Direction des programmes de soutien à domicile, CISSS du BSL
Patrick Legoupil
Chef de service soins à domicile Rimouski
Direction des programmes de soutien à domicile, CISSS du BSL
Éric Mercier
Louise Parent
EXPERTE DE VÉCU
MRC de Rimouski-Neigette